Un documentaire polémique s'invite in extremis à Cannes

Un documentaire consacré à Alexandre Litvinenko, l'ancien agent russe assassiné à Londres, a été ajouté in extremis à la sélection officielle du Festival de Cannes et sera projeté samedi hors compétition.

Le documentaire à charge contre le régime russe, intitulé Rébellion: l'affaire Litvinenko, est signé par Andreï Nekrassov, un proche de Litvinenko, qui a suivi ce dernier dans les deux années précédant son décès, ainsi que par Olga Konskaïa, indique-t-on auprès du distributeur du film, la société Rezo.
La veuve de Litvinenko, Marina, donnera une conférence de presse samedi à Cannes, le jour de la projection du film en séance spéciale. Marina Litvinenko s'apprête en même temps à publier un livre sur l'histoire et la mort de son défunt mari.

Le film n'a été terminé qu'après l'annonce de la sélection officielle, le 19 avril et vient d'être vu, dans sa forme finale, par le délégué artistique du Festival, Thierry Frémaux, qui a décidé de l'intégrer à sa sélection, une décision de dernière minute rarement prise au festival. Le documentaire contiendrait de nombreux témoignages à propos de l'itinéraire et de la mort de Litvinenko, l'ex-agent russe devenu opposant, assassiné à Londres avec une substance radioactive, le ¨Polonium 210, décédé le 23 novembre 2006 à 43 ans.

"C'est un documentaire très factuel et un film de mémoire, qui raconte non pas l'affaire Litvinenko dans ses derniers développements, mais Andreï Nekrassov ", a indiqué à l'AFP Thierry Frémaux. Le documentaire, qui cite notamment des anciens agents secrets russes, serait "une charge hallucinante" contre les services secrets russes et le régime de Vladimir Poutine, selon les premières sources. Le documentaire donne notamment la parole à la journaliste Anna Politkovskaïa, très critique envers le régime russe et tuée par balles le 7 octobre dernier, ainsi qu'au philosophe français André Glucksmann, détracteur de longue date du président Poutine et défenseur de la cause tchétchène. Le film revient également sur des pages controversées de l'histoire récente de la Russie, comme la série d'attentats commis contre des immeubles en Russie en 1999, qui avaient fait près de 300 morts. L'ancien homme d'affaires et aujourd'hui opposant Boris Berezovski accuse les services secrets russes d'avoir organisé ces attentats, mais il n'a pu apporter aucune preuve à ce jour en ce sens.

AFP