Un étranger & 10 canoës au programme d’hier à St Trop’

Après les courts-métrages, le Festival du cinéma Australien & Néo-zélandais de St Tropez proposait hier des documentaires et des long-métrages ; parmi lesquels 10 Canoes, 150 Lances et 3 épouses, un film présenté au dernier festival de Cannes et qui sortira en salles en décembre prochain.

Mais commençons avec les documentaires et le très simple et très intelligent A stranger everywhere. Ce film réalisé sans moyens par Eric Grinda est un manifeste à la réflexion. Pendant 52 minutes, en effet, le peintre néo-zélandais Douglas MacDiarmid, qui a fait depuis des décennies de la France sa seconde patrie, nous fait part de ses pensées philosophiques sur la nationalité, l’exil, sur le soi, sur le rapport aux autres, sur la vie, la vitesse, le temps qui passe, les nouvelles technologies qui nous isolent, etc… un véritable testament intellectuel qui faisait son chemin à travers ses œuvres.
Dans une salle Louis Blanc bien remplie, le public, d’un âge bien avancé, a accueilli triomphalement Douglas MacDiarmid et ses idées.

On peut regretter des conditions de projections pas optimales avec un écran trop bas qui ne laissait lire les sous-titrages qu’aux personnes assises aux tout premiers rangs et surtout un accès direct depuis la rue qui laissait entendre dans la salle toutes les accélérations de scooters et autres mobylettes qui passaient par là. Le public a fait avec, sans se plaindre.
Pour continuer avec les doléances, d’un point de vue strictement cinématographique on peut regretter également l’absence d’étalonnage et de mixage qui donnent au film un côté un peu trop brouillon. On est par contre admiratifs devant la justesse du montage qui malgré le manque de moyens a su créer un vrai rythme avec des respirations intellectuelles, matérialisées par des flashs au noir, qui laissent un bref instant au spectateur pour assimiler les concepts avancés par le peintre philosophe.

La projection a été suivie d’une longue suite de questions auxquelles Douglas MacDiarmid a répondu avec beaucoup de simplicité et de sincérité. Un homme charmant, un testament philosophique à voir et revoir pour combattre la stupidité ambiante.

La soirée semblait vraiment dédié à la réflexion, A stranger everywhere était suivi de 10 Canoes, 150 Lances et 3 épouses de Rolf de Heer et Peter Djigirr. On quitte l’art contemporain néo-zélandais pour se pencher sur l’histoire ancestrale de la culture aborigène australienne.
Le film est vraiment différent de ce que le 7e art nous propose habituellement ; il est volontairement posé, pas lent mais calme. Il prend le temps, enseigne la patience et l’intérêt de l’autre. Avec une grande intelligence le réalisateur recrée dans l’histoire du film la sensation qu’a le spectateur dans la salle. La vie et la culture aborigènes sont représentées le plus fidèlement possible, avec ses grandeurs et ses défauts. Il s’agit d’une fiction, certes, mais grandement instructive.
Un film à découvrir absolument dès sa sortie en salle le 20 décembre.

=> Voir toutes les infos sur les 8ème Rencontres Internationales Du Cinéma Des Antipodes De Saint-tropez 2006

Pablo Chimienti (12 octobre 2006)