Un jury qui affiche ses opinions

Le jury du 61e festival de Cannes, son président Sean Penn en tête, a donné une tonalité politique à la compétition mercredi en affirmant que le cinéma ne peut être indifférent au monde qui l'entoure, évoquant la situation en Birmanie et en Chine lors d'une conférence de presse.
" Le tremblement de terre va influencer mon jugement sur presque tous les
films
", a ainsi répondu Sean Penn à une journaliste chinoise qui lui demandait si le séisme qui a fait des milliers de morts en Chine modifierait son regard sur la compétition.
" De même pour ce qui se passe en Birmanie. Ces choses qui arrivent font partie des émotions et de la vie que nous partageons tous, cela nous rend plus âpres ", a poursuivi le président du jury, l'une des figures du Hollywood engagé sur le front politique mondial.
" Lorsque ce genre de choses se produit, tous les gouvernements, y compris le mien, contrôlent les gens et les empêchent d'accéder à l'aide dont ils ont besoin. Il faut que les gens les mettent dehors ", a-t-il lancé.
D'autres membres du jury se sont aventurés sur le terrain politique à l'invite des journalistes, l'actrice Jeanne Balibar dénonçant par exemple les expulsions d'étrangers en France.
" Dans un décor, dans une musique, dans des sons, dans des couleurs, dans des images, dans des choix de personnages, il y a de la politique ", a estimé pour sa part Rachid Bouchareb, primé en 2006 pour Indigènes.
Il faut cependant qu'un film soit " une oeuvre d'art " avant tout, et non " un tract que l'on saisit et que l'on jette aussitôt ", si l'on veut que le message soit entendu, a souligné la réalisatrice iranienne Marjane Satrapi.
" Quelle que soit la façon dont on choisira la Palme d'Or, je crois que nous
sommes tous d'accord là-dessus : il faudra que le réalisateur ou la réalisatrice de ce film se soit révélé très conscient du monde qui l'entoure
", a conclu Sean Penn.

C’est dit.

(Le 14 mai 2008 - AFP)