Un soleil de plomb au-dessus des Brigades Rouges

Les années de plomb posent toujours question en Italie. Malgré les procès et de nombreux films sur le terrorisme d’extrême gauche ou fasciste qui sévit durant les années 1970 et 1980, des zones d’ombres perdurent et les polémiques avec. La nouvelle concerne le film de Gianfranco Pannone, Il Sol Dell'Avvenire (« Le soleil de l'avenir »), pas encore sorti sur les écrans et qui a été présenté ce week-end au festival de Locarno (Suisse).

Alerté par une association de victimes, le ministre italien de la Culture s’est fait projeter le film et s’est dit « amer » et « troublé ». Il juge ainsi que le film, adapté d’un livre du journaliste Giovanni Fasanella et d’un chef historique des Brigades Rouges, Alberto Franceschini, donne « uniquement la parole aux protagonistes d’une idéologie criminelle ». Il regrette par ailleurs que les anciens brigadistes n’y « expriment pas la moindre repentance ou tout au moins prise de conscience de leur responsabilité ».

Dans ce film documentaire, on peut y voir les anciens brigadistes de L’Apartamento qui en 1969 ont fondé les Brigades Rouges dans la région de l’Emilie-Romagne. Après avoir purgé des peines de prison, les vieux amis se retrouvent dans le restaurant où ils ont décidé de prendre les armes.

Giovanni Fasanella et Gaetano Blandini, président de la Commission de financement des films italiens (le film a reçu en 2006 une subvention de l’Etat) ont tenu à réagir aux propos du ministre de la culture italien. Le premier a fustigé un Etat italien « qui n’a toujours pas réussi à garantir toute la justice » sur les années de plomb. Le second a affirmé que le film n’était en aucun cas « une exaltation ou une justification du terrorisme » mais « une rigoureuse enquête historique sur ce qui a poussé un groupe de jeunes à passer de l’engagement politique à la folie du rêve révolutionnaire ».

B.E. (le 11 août 2008 avec AFP et Le Figaro)