Un week-end en amoureux du cinéma à Venise...

Le festival de Venise est devenu le temps d'un week-end romantique: le désir monte et le coeur déborde. Une série de films avec le grand amour, tellement grand que personne n'y résiste au point d'en perdre la raison ou meme la vie. Venise vient de faire découvrir les derniers grands films asiatiques et a déjà des favoris pour le palmarès. Un week-end avec Ethan Hawke, Zhang Ziyi, Goro Miyazaki, Kiyoshi Kurosawa. Et aussi les très attendus Paprika de Kon Satoshi et Les fils de l'homme de Alfonson Cuaron!

Ethan Hawke s'est de nouveau mis derrière la caméra pour réaliser The Hottest State, une exploration du sentiment amoureux avec Mark Webber et Catalina Sandino Moreno (qui avait une voix tremblotante à cause de l'avion qui l'amenait de Colombie), et la musique de Jesse Harris (le même qui compose avec Norah Jones).
Autant le dire tout de suite, son film est une merveille. La conférence de presse commence avec une confrère qui lui dit d'ailleurs "c'est le plus beau film que j'ai vu à la Mostra depuis le début". J'ai demandé au réalisateur quelques précisions sur le romantisme de son film.
Ethan Hawke: " Quand on tombe amoureux notre monde devient musical, on a envie de musique. Je connais le compositeur Jesse Harris depuis environ 15 ans, et il m'a proposé des chansons car je voulais que Catalina chante vraiment. Au début de la relation entre les deux héros, ils font semblant de plusieurs choses en jouant des rôles, être un adulte c'est arrêter de faire semblant. Etre adulte et grandir c'est une différence, c'est le thème du film. J'y raconte aussi mon premier amour en même temps, l'état dans lequel on se trouve quand ça arrive."
Le film The Hottest State est l'adaptation d'un livre, je vous laisse commenter cette parole du réalisateur. Ethan Hawke: "L'adaptation d'un roman en film c'est comme les femmes: quand elles sont fidèles elles ne sont pas belles, quand elles sont belles elles ne sont pas fidèles".

Le coeur amoureux de Catalina Sandino Moreno, je m'en vais regarder la belle Zhang Ziyi prendre un bain de pétales de roses dans Le Banquet (Yeyan) de Feng Xiaogang avec aussi Daniel Wu et Zhou Xun. Une nouvelle superproduction chinoise avec des décors somptueux et des personnages qui voltigent dans les airs (Yuen Woo-Ping est de la partie) et des ralentis de mouvements d'épée. Une grande (et peu trop longue) fresque à la Hamlet: un empereur est mort, son frère s'adjuge son trône à la place du prince, et Zhang Ziyi est a la fois éperdue d'amour et de jalousie. Le poison n'est pas loin, ce film est romantique à mort et beau à pleurer. Kiyoshi Kurosawa m'avait intrigué tôt le matin avec Sakebi (Retribution). Oui c'est encore un film avec des fantômes avec de la peur et de l'amour comme il sait bien les faire, mais celui-ci est bien mieux que son précédent Loft.

Bon, mon coeur fatigue alors le cerveau prend le relais avec des dessins animés. C'est un événement : Kon Satoshi est à Venise avec son nouveau film d'animation Paprika. Attention les yeux : une invention permet d'explorer les rêves, elle est volée, on risque alors d'être plongé malgré soi dans les rêves d'un autre, on peut devenir fou ou en mourir. Si vous suivez toujours, l'héroïne a en plus un double dans une autre réalité. Il y a de quoi méditer, ce film est rien de moins qu'un petit chef d'oeuvre, à suivre. Si vous aimez les Ghost in the Shell, c'est pour vous. Transition habile car Mamouru Oshii est lui aussi attendu ici dans quelques jours. En attendant, c'est Goro Miyazaki qui est à Venise avec son film d'animation Gedo Senki (Tales from Earthsea). Extrait : "Ils mourront si on ne fait rien" dit une fillette qui était esclave à un garçon avec une épée magique. Petit moment magique lors des applaudissements de la salle, il y a eu un petit garçon qui est allé vers Goro Miyazaki pour une dédicace.

Pendant ce temps Jean-Pierre Darroussin s'interroge sur la condition humaine et sur la sienne dans Le pressentiment dont il est aussi le réalisateur. Un bourgeois remet tout son mode de vie en question sans être compris par ceux qui l'entoure, il remarque que une bonne intention n'est pas une bonté. Comme quoi simplement et juste aimer l'autre n'est pas évident. J'ai croisé plusieurs fois de jour comme de nuit l'équipe de Petites peurs partagées de Alain Resnais mais sans avoir vu le film, j'ai promis à Isabelle Carré de rattraper ça.

Attention à Les fils de l'homme !
Dans le genre bon film d'anticipation crépusculaire la dernière baffe reçue était 28 jours plus tard, Londres va nous remettre une claque avec Les fils de l'homme violement mis en image par Alfonso Cuaron, avec Clive Owen, Juliane Moore et Claire-Hope Ashitey. L'humanité est devenue infertile et va donc disparaitre puisqu'il n'y a plus du tout d'enfants. De plus il y a des immigrés clandestins refoulés par wagons et des attentats par dizaine. Et incroyable, une femme pourrait être enceinte, essayez d'imaginer ce qui pourrait se passer si ce miracle se savait…
Alfonso Cuaron : "L'histoire se passé en 2027, maos tout est à peu près comme aujourd'hui avec des choses politiques d'aujourd'hui qui sont pires. Je ne voulais pas faire un film de science fiction ou un film d'anticipation futuriste. 2027 est assez loin pour spéculer sur l'avenir tout en étant très proche du présent. Il y a de la violence mais elle ne glorifie personne. Le personnage joué par Clive Owen ne porte pas de pistolet, il peut être violent uniquement quand les circonstances l'y obligent. Il est plutôt statique que pro-actif, il fait des petits choix selon ce qui lui arrive. On a gardé en tête des perspectives humaines et réalistes, comme par exemple une voiture qu'on arrive pas à démarrer quand il faut s'échapper. On reste toujours proche du personnage, c'est un élément parmi d'autres."
Vous allez être surpris: le plus inattendu arrive, un plan séquence incroyable dans un immeuble, à espérer que le chaos ambiant reste une fiction.

C'est toujours comme ça Venise? Oui, et la place Saint-Marc by night c'est magnifique, et il fait beau, et ça va continuer encore cette semaine…

Christophe Maulavé, alias Il bellissimo giornalista (Venise, le 4 septembre 2006)

Tapis rouge du film de Paul Verhoven

 

 

 

 

 

Photo-Call de Para Entrar Vivir

 

 

© photos Isabelle Vautier, alias Il photographe fantastica

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