Une BO aux allures de Black Album...

Avec un leitmotiv lancinant et traînant comme une nuée sombre, la bande originale de Pars vite et reviens tard a de quoi envoûter... Car qu'importe les reproches faits au film, la musique signée Patrick Doyle installe une atmosphère prenante, inquiétante, angoissante, et littéralement oppressante. Tout est à l'image de ce dont se veut le long-métrage de Régis Wargnier, finalement… Polar noir adapté du roman phare de Fred Vargas, Pars vite… nous conte en effet l’enquête du célèbre commissaire Adamsberg, à la recherche d’un tueur fou voulant à tout prix répandre le fléau de la peste noire sur la capitale... Il fallait donc une musique suffisamment oppressante pour nous immerger totalement dans cette sombre histoire.

Et c’est donc Patrick Doyle, ancien élève de la Royal Scottish Academy of Music and Drama, et compositeur, entre autres, des musiques de Donnie Brasco et d’Eragon, qui s’y colle – avec brio. Rien d’étonnant dans le fait de voir ce grand compositeur britannique chargé de la musique d’un film frenchie, puisque Pars Vite et reviens tard marque tout de même sa cinquième collaboration avec Régis Wargnier, après notamment Man to Man et Indochine ! Accompagné par James Shearman, chef d'orchestre du "London Symphony Orchestra", Patrick Doyle laisse donc sa patte toute personnelle sur l’ensemble des 16 morceaux de l’album.

Principalement joués au piano, violons et tambours, les titres, d'inspiration classique, sont tous symphoniques - même si souvent plus proches du concerto, tant chaque titre met en avant un instrument particulier. Malheureusement, on a parfois la sensation d’écouter l’album en boucle, avec des morceaux très proches les uns des autres, dans lesquels les tonalités, les rythmes, les instruments restent les mêmes. "Le solitaire" et "Mort à Marseille" sont quasi identiques par exemple. En revanche, "Afrique" sort brillamment du lot, car il contraste par sa sonorité plus légère et pourtant aussi énigmatique… Un titre aux chœurs puissants, qui fait monter habilement la pression… Seize titres qui jouent donc à la fois sur l'inquiétude et le calme, des titres à la fois lancinants et planants, tristes, doux et envoûtants…

Alors, si le film bénéficie d'un accueil mitigé, la bande son, elle, remplit son rôle et nous fait vibrer de plaisir et d’angoisse partagés. Il est certain que l'on ne l'écoutera pas pour égayer une soirée, ou même pour aller faire son jogging… Car ce bel album à l’atmosphère si feutrée et si énigmatique, est plus propice pour veiller tranquillement au coin d'un feu en lisant un bon livre, ou pour sommeiller d'un œil... Mais gare aux cauchemars – et, surtout, jetez un petit coup d’œil de temps en temps sur votre porte d’entrée… Un 4 peint à l’envers peut vite arriver !

Grégory Vhé.