Une Lady absolument pas gaga (notre avis)

Une Lady absolument pas gaga (notre avis)

Après avoir pondu un ange aux jambes de trois mètres de long - facile - (Angel-A), des petits hommes vivant dans un monde parallèle (Arthur et les Minimoys) et une archéologue aventurière rigolote (Les Aventures Extraordinaires D’Adèle Blanc-sec), Luc Besson revient au cinéma et dans le monde des vivants avec The Lady, un biopic intime retraçant l'histoire d'amour d'une femme pour son mari et pour son pays, qui sort en salles cette semaine.

Le film retrace une partie du combat de Aung San Suu Khi (Michelle Yeoh), femme politique Birmane qui lutte contre la dictature en faveur de la mise en place de la démocratie, au péril de sa vie et de celle de ses proches. Mais le récit est surtout centré sur son histoire d'amour incroyable avec un autre être d'exception, son mari Michael Aris (David Thewlis). Cette prise de position du réalisateur n'est pas pour déplaire. Loin des biopics longuets, le film est le symbole même du courage, porté par cette femme incroyable. Luc Besson fonce alors dans le tas pour dessiner un portrait intime d'une personnalité publique. Et ça fonctionne. Car cette personnalité est surtout celle d'une femme sensible et intelligente, que le père, homme politique adulé, a rendue célèbre dès sa naissance, et qui se voit contrainte à laisser tomber sa paisible de vie d'épouse et de mère, afin de lutter pour la liberté de tout un peuple.

C'est ici qu'intervient la prestation de Michelle Yeoh, incroyablement juste dans ce rôle d'une femme qui se doit de contenir ses émotions personnelles et choisir sans cesse entre sa famille et son pays. Toute la complexité de cette personnalité se reflète sur le visage de l'actrice, aussi charismatique que la vraie Aung San Suu Khi. Nous y voyons ses sacrifices, son insécurité, ses peurs. Comme pour nous rappeler que les héros sont aussi des êtres humains, finalement. Bien que pour Gandhi on se pose encore la question.

N'oublions pas de saluer David Thewlis en parfait mari dévoué, qui se montre aussi courageux et intelligent que sa femme. Comme pour elle, alors qu'il tente de préserver une vie le plus normale possible, le combat lui paraît comme une évidence. Il est le héros discret, la force de l'ombre. Derrière toute grande femme se cache un grand homme ? Peut-être pas, mais derrière cette grande page de l'Histoire, se cache un l'amour d'un homme pour une femme.

Sans virer dans le pathos trop poussé, le film jouit d'une mise en scène qui a le mérite de mettre en valeur les Birmans, en tant que peuple activiste, généreux, cultivé et profondément hétérogène, allant des étudiants citadins aux villageois pratiquant les folklores ancestraux . Le dictateur, incarnation même du mal, est montré lui comme un psychopathe, froid, égoïste, sans-coeur et aux décisions absurdes. Un vrai méchant auquel il ne manque que le rire machiavélique. Le trait est exagéré, les soldats n'agissent sous aucune logique, tous sont des pantins au service de la violence pure et dure. Enfin, surtout dure.

Car si cette cruauté est aberrante, c'est surtout parce qu'elle est vraie et qu'elle plonge tout un peuple dans la peur au service d'une poignée d'hommes confortablement installés dans leurs rôles de gros matous malfaisants. Pourtant Aung San Suu Khi résiste, malgré vents, marées, tornades et tsunamis, donnant une leçon de courage au monde entier.

Tout cela résonne comme un cri du coeur de Luc Besson lui-même. Il met l'accent sur une terrible réalité qui contraste avec la vie tranquille menée par les occidentaux que cette femme a elle-même laissé tomber pour se battre. Certes, il est dommage que l'on ne comprenne pas plus ses engagements, ses idées politiques, son passé... Car à part faire à dîner et écrire un livre sur son père, elle faisait quoi avant, la dame ? Mais ce n'est point grave mes très chers lecteurs. Il suffit d'entrer dans ce beau film comme on entre par la petite porte du fond, pour observer les coulisses. Et tâter ainsi l'intellect pour s'immerger dans sa seule valeur politique qui compte vraiment : la lutte pour la liberté. À méditer.

=> Toutes les infos sur The Lady

Bruna Fernandez (29 Novembre 2011)