Venise : les cowboys et les indiens

Birdwatchers : Ce film de Marco Bechis fait se confronter deux cultures en Amazonie : les brésiliens qui s'enrichissent en exploitant la terre et les indiens guaranis qui y en ont été exclus et placés dans des réserves. Dès son introduction Birdwatchers annonce la couleur : des hommes blancs se sont approprié le territoire des hommes rouges. Un groupe d'indiens décide de s'installer sur la terre de ses ancêtres, qui se trouve être en bordure d'un champ géré par une riche famille brésilienne. Un homme est chargé de les surveiller, mais face à l’augmentation de leur population, d'autres mesures plus violentes vont être envisagées afin de les faire partir...
De manière subtile, le film donne le point de vue (sur l'argent, l'alcool, le sexe, le shamanisme, la loi...) des deux camps avec leurs coutumes : si les indiens préfèrent chasser plutôt que travailler pour manger et que les autres travaillent pour gagner de l'argent, tous se disputent la même terre. Birdwatchers ressemble à un baroud d'honneur des indiens qui voudraient se réapproprier un territoire malheureusement perdu, volé par ce qu'on appelle le progrès.
C'est le film dont on pressent qu'il pourrait figurer au palmarès, Natalie Portman qui l'a vu hier a d'ailleurs dit devant moi qu'elle le trouvait wonderful et fantastic, et vu certains choix étonnants des films en compétition, aucun favori ne s’est encore détaché…

Eve : C’est le court-métrage qui a fait que la salle des courts en compétition a vite été remplie puis aussitôt vidée à la fin ; beaucoup de curieux s’étant, en effet, précipités pour juger du travail de la novice réalisatrice Natalie Portman. Un court-métrage écrit et réalisé par l’actrice, et mettant en scène Lauren Bacall et Ben Gazzara.
Du coup, avec le système de priorité de badges, tous n’ont pas pu le voir, mais on a pu toutefois rencontrer la belle Natalie ensuite. Eve lui aurait été inspiré par ses rapports avec sa mère et sa grand-mère, définissant – selon elle - en partie qui on est. Portman admire Lauren Bacall, et avoue que ce fut une magnifique surprise que celle-ci dise oui, de même pour les autres acteurs. Elle serait prête à réaliser un jour un long-métrage, mais souhaiterait continuer sa carrière d’actrice en priorité. Elle ne dira en revanche rien sur son projet de remake de Suspiria, ni sur son un autre court-métrage pour New York, I Love You.
L’actrice avoue enfin avoir été terrifiée de voir Eve dans la salle avec le public, même si en conférence elle reste très spontanée et naturelle (et très belle, voyez ses photos à Venise sur le site).

Vegas : Based on a true story : Une petite famille américaine bien tranquille va imploser à cause de la perspective de trouver un trésor, après avoir reçu la visite d'un inconnu qui lui propose une grosse somme pour racheter leur maison. Il y aurait, enterré dans leur jardin, un magot d'un million de dollars caché là il y a longtemps par un bandit. Seul le père y croit au début et commence à creuser, puis c'est contagieux et le reste de la famille se met à creuser elle aussi… C’est tout le jardin autour de la maison qu’ils vont retourner à coups de pelles et de pioches.
Derrière ce curieux titre Vegas : Based on a true story il y a un film presque amateur (caméra numérique, acteurs inconnus), mais sympathique comme une fable de La Fontaine. « Pour l’espoir d’une vie meilleure, on creuse sa propre tombe ».

Enfin, Parc : Le film d’Arnaud Des Paillières a déconcerté bien du monde, commençant plutôt pas mal mais partant vite en vrille. Sergi Lopez coupe du bois, Jean-Marc Barr nous parle en voix-off, Nathalie Richard prend son pied, Laurent Delbecque déprime. En résumé, Paul Marteau trouve une nouvelle raison de vivre : crucifier l’idéal de bonheur de l'homme occidental et son incarnation en la personne de Georges Clou (un clou est une victime rêvée pour un marteau).

Venise ? Il n’y a pas que des canaux, on peut s’y baigner. Au Lido, il y a une longue plage sur l’Adriatique, et piquer une tête dans la mer est juste ce qu’il convient pour regagner de l’énergie avant une longue soirée et une courte nuit.

Christophe Maulavé (Venise, le 3 Septembre 2008)