Vous prendrez bien un p’tit peu de Cannes à la sauce asiatique ?

Cannes, c’est le lieu de la démesure par excellence. Tout est plus grand, plus fort, plus nouveau… Et l’on retrouve cette soif d’originalité dans les oeuvres présentées. En témoigne le premier film asiatique de cette 60ème édition, Triangle, un triptyque hong-kongais plutôt atypique… A savoir, une belle variation sur les thèmes fétiches de trois des cinéastes asiatiques les plus en vue du moment : Johnnie To (habitué de la Croisette avec Breaking News ou Election 1), Tsui Hark (HISTOIREs DE FANTOMES CHINOIS) et Ringo Lam (In Hell, Replicant).
Rajouté au dernier moment dans la Sélection Officielle hors compétition, le film inaugure ce soir les désormais incontournables « séances de minuit ». Il y aura quatre cette année avec, en plus de celle-ci, Boarding gate d’Olivier Assayas demain, le docu U2 3d samedi soir & Go Go Tales d’Abel Ferrara mercredi prochain.

Triangle est un beau mélange de genres avec des poursuites, des bastons, de l’amour, du drame, de l’action et même un peu d’humour. Un cocktail détonnant qui tient largement sa part d’originalité dans le fait qu’il soit signé par trois cinéastes. Chacun ayant laissé sa marque de fabrique au film, son côté du Triangle… Du coup, l’expérience est également intéressante d’un point de vue formel, esthétique.
Les trois réalisateurs ont expliqué l’originalité de cette démarche atypique lors de la conférence de presse :
Tsui Hark : « Nous nous sommes mis d’accord pour ne pas nous mêler des idées des autres. Chaque réalisateur devait avoir le contrôle absolu sur ce qu’il voulait faire, en espérant que nos efforts conjoints déboucheraient sur une œuvre excitante et divertissante. (…) J’ai choisi un sujet familier pour tout le monde : le pouvoir de l’argent. »
Johnnie To : « En ce qui concerne la partie dont je suis responsable, mon intérêt s’est porté sur le dilemme suivant : quel prix sommes-nous prêts à payer pour nos désirs et nos obsessions ? Dans le film, nous voyons les trois personnages principaux enchaîner les situations périlleuses, tout ça pour la promesse d’un jour meilleur. »
Ringo Lam : « Triangle raconte comment le destin joue avec nos héros. Je m’intéresse plus spécialement à l’obsession du personnage de Sam pour son épouse. Il s’agit d’une femme capable de ressentir amour et haine en même temps. »

Amélie Chauvet (Cannes, le 17 mai 2007)