Winter's Bone, le western moderne (Test DVD)

Winter's Bone, le western moderne (Test DVD)

Ree Dolly (Jennifer Lawrence) a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa soeur dont elle s'occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.

 

Promenons-nous dans les bois… Un conte de fée sombre

Remarqué lors des Festival de Sundance 2010 (Meilleur film et Meilleur scénario) et 36e Festival Du Cinéma Américain De Deauville 2010 (Prix du Jury), le Winter's Bone de Debra Granik sort enfin en DVD. Et ça, c’est une très bonne nouvelle pour tout cinéphile qui se respecte, tant cette glaçante adaptation du roman de Daniel Woodrell mérite d’être découverte encore et encore.

Plongés dans l’atmosphère incroyable du Missouri profond (filmé avec virtuosité par la cinéaste et son directeur de la photographie Michael Mcdonough), on ne peut que se laisser sombrer au cœur de ce western moderne cruel et pourtant terriblement humain. Accrochés aux bottes désabusées de Ree, on suit, diablement envoûtés, ce récit initiatique aux allures de conte de fée noir qui hurle son besoin de survivre.

 

Des personnages forts : le « péquenaud » réhabilité

Car c’est avec autant de curiosité que de respect que l’on s’engouffre dans Winter's Bone. Ainsi, passée la stupéfaction de la beauté triste des montagnes qui emmurent Ree et les siens (la nature impériale du film est loin de se cantonner au simple rôle de décor), on part à la rencontre de ces oubliés du rêve américain citadin, ces hommes et ces femmes qui, certes, vivent dans la simplicité absolue, mais qui chérissent les valeurs de la famille comme celles de la musique (la bande-son du film mériterait tout un poème).

Si près et pourtant si loin des clichés que l’on croise à longueur de reportages télé en mal de bouseux, le film de Debra Granik offre à l’éternel « péquenaud » une seconde vie. A la fois incarné par Ree (une Jennifer Lawrence habitée) et son oncle Teardrop (John Hawkes littéralement bluffant) comme les deux revers d’une médaille fêlée, celui-ci se réapproprie une dimension sociologique et cinématographique dépoussiérée. On en est ravis. Vraiment.

 

Un DVD honnête et instructif

A l’instar du long-métrage, les bonus de Winter's bone son traversés par une sincérité presque déconcertante. Au-delà des quelques scènes coupées (offrant un passé à Ree) et du making-of (sorte de condensé d’images prises au vol), il vous FAUT découvrir le clip de Hardscrabble elegy de Dickon Hichliffe ainsi que la scène d’ouverture alternative du film. De quoi mettre tous vos sens en éveil. Et pour conclure le voyage en beauté, plongez-vous dans le commentaire audio de la réalisatrice et du directeur de la photo. Leur rêve (atteint) d’authenticité ne vous donnera qu’une envie : revoir le film.

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Eléonore Guerra (7 Juillet 2011)