James Gray se lance dans la SF

James Gray se lance dans la SF

Reparti (encore une fois) bredouille de son passage à Cannes avec son mélodrame The Immigrant, James Gray n'a pas pour autant chômé puisqu'il en a profité pour révéler aux journalistes des informations passionnantes sur son prochain film.
Le réalisateur de Little Odessa aurait à coeur de développer un projet de film de science-fiction dans l'esprit de 2001, L'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, un film qui, selon lui, est le meilleur représentant du genre (on ne le contredira pas).

" Je veux essayer de faire quelque chose de bien particulier et d'assez différent. Mon intention est de réaliser un film qui relèverait d'un fait scientifique et qui se déroulerait entièrement dans l'espace. J'ai lu par le passé que la Nasa essayait de trouver des personnes "émotionnellement sous-développées" pour voyager sur Mars, car être dans un vaisseau, coupé du monde pendant un an et demi, est un exercice très difficile."

" Mon but est donc de parler des dépressions nerveuses que peut générer la vie dans l'espace, de raconter une histoire dans la lignée de Au Coeur des Ténèbres de Joseph Conrad (qui présente le périple d'un homme comme un lent éloignement de la civilisation et de l'Humanité, ndlr), mené par l'idée selon laquelle la NASA a fait des erreurs de calcul sur les potentialités mentales de l'un de ses astronautes qui n'a pas pu gérer l'infini spatial. "
" J'ai en tête les images des vidéos d'archives d'une mission Apollo incroyablement réalistes - car pas de son dans l'espace, évidemment - il faudrait montrer que dans un sens, les êtres humains ont besoin de la Terre. "
" Les astronautes qui sont allés sur la Lune ont tous souffert d'un traumatisme psychique grave, d'une manière ou d'une autre. C'était presque insupportable pour eux de voir la Terre comme un minuscule caillou. Edgar Mitchell, à son retour, a commencé à parler d'extra-terrestres dans la zone 51; Neil Armstrong s'est retiré dans sa ferme de l'Ohio et ne l'a plus jamais quittée, Buzz Aldrin s'est confié sur son addiction à l'alcool et sa dépression… Ainsi, le fil conducteur de ce projet serait de montrer que l'infini est insupportable, que l'espace est insupportable pour nous, êtres humains, et que nous avons besoin pour notre stabilité psychique d'être sur la terre ferme. "

A ce titre, 2001, L'odyssée de l'espace apparaît pour James Gray comme l'oeuvre ultime " sur la confrontation de l'Homme avec l'idée de l'infini, qui évolue vers une nouvelle espèce lorsqu'il entre en contact avec une force étrangère. D'un postulat pervers, le film se clôt sur une note optimiste avec le Starchild. " ajoute le cinéaste.
" Je ne prévois pas du tout de faire un film déprimant puisque le héros de mon film va tomber amoureux de quelqu'un sur Mars mais le reste de l'équipe va l'apprendre. Et bien-sûr, c'est un problème dans la mesure où tous les astronautes on été choisis pour ne rien ressentir parce qu'ils ont une mission à mener à bien sur Saturne. En conséquence, ils devront l'éliminer. "

Conscient des écueils vers lesquels mène souvent le genre de la science fiction, sacrifiant le scénario et les thématiques inhérentes au registre SF au profit du grand spectacle, le réalisateur américain poursuit : " C'est un défi de créer une fin… le problème est que la plupart des films de science-fiction - certainement pas le film de Kubrick - tombe souvent dans le spectaculaire. Mais vous ne pouvez pas vraiment faire ça, ça doit rester conceptuel. Ce qui est génial dans le film de Kubrick, ce n'est pas tant le voyage vers Jupiter - qui à mon sens a mal vieilli - mais la prise de contrôle par HAL 9000 de l'engin spatial et la vision finale du Starchild dans cette chambre blanche parce que c'est conceptuellement brillant. Kubrick ne cherche pas à nous impressionner en nous disant : "regardez la taille de mon vaisseau !" - chose qui ne marche jamais. Il me revient donc d'arriver à faire quelque chose de conceptuellement grandiose. "

Si le projet semble aussi excitant qu'ambitieux, aucune date de tournage n'a pour l'instant été évoquée, le scénario écrit avec Ethan Gross de Fringe étant encore au stade embryonnaire : " Je n'ai encore rien écrit de mon côté, j'ai environ 400 pages de recherche et de conversations des scientifiques de la NASA et ainsi de suite… Mais le script verra le jour très bientôt parce que j'ai mis en place les démarches nécessaires, j'ai déjà fait le gros du travail, pour ainsi dire, j'ai la structure de l'histoire mais maintenant je dois écrire. Ce qui devrait me prendre environ quatre semaines et ensuite je dois réécrire. "

D'après The Playlist, les deux comparses devraient finaliser le précieux script pour l'automne 2013, date à laquelle nous verrons débarquer Ewa (Marion Cotillard) sur l'île d'Ellis Island dans le dernier opus du maître new-yorkais, The Immigrant.

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Mathilde Salmon (31 Mai 2013 avec The Playlist)