Robert Redford perdu en mer dans All Is Lost

Robert Redford perdu en mer dans All Is Lost

Après En solitaire, avec François Cluzet en concurrent du Vendée Globe confronté au drame de l'immigration, l'océan sert de nouveau de décor dans All Is Lost (Prix du Jury ex aequo au 39ème Festival Du Cinéma Américain De Deauville 2013), thriller en haute mer de J.C. Chandor avec un Robert Redford impressionnant en naufragé.

Dans ce drame de 1h46, pas un mot ou presque de prononcé. Un seul être humain apparait sur un écran envahi par l'océan, l'autre personnage central, qui caresse ou boxe Robert Redford au gré de ses humeurs.

L'acteur oscarisé campe un navigateur en solitaire, quelque part dans l'océan Indien. Un matin, il découvre à son réveil qu'un container à la dérive a heurté son voilier, creusant un trou dans la coque, qu'il colmate comme il peut pour empêcher l'eau de s'engouffrer.
Privé de sa radio et de ses instruments de navigation, l'homme se laisse prendre ensuite dans une violente tempête. Le bateau finit par couler, sous les yeux impuissants de son capitaine blotti dans un radeau de survie.
Commence alors pour ce marin aguerri, équipé d'un simple sextant et de quelques cartes, un combat au jour le jour contre la mort, contre lui-même et les circonstances, entre maigres rations, soleil implacable, requins en attente d'un festin et océan Indien déchaîné.

Progressivement, tout ce qui peut le rattacher à la vie va s'écrouler, " son monde se rétrécir " selon l'expression de J.C. Chandor, dont le premier film Margin Call, brûlot contre les milieux de la finance, avait été nommé aux Oscars.

Dans la salle, le public ressent tous les craquements du voilier, entend le fracas de l'orage. Il a même l'impression d'être sous l'eau avec Redford.

Construit comme un thriller en haute mer, All Is Lost ("tout est perdu"), présenté hors compétition lors du dernier Festival de Cannes, est " un film presque existentiel qui laisse de la place à l'interprétation du spectateur ", selon Robert Redford.
Ce d'autant que le scénario ne dévoile rien ou presque de la propre histoire de cet homme si ce n'est qu'il s'agit d'un marin expérimenté.

L'acteur de 77 ans, qui a toujours réalisé seul ses cascades, " question d'ego ", disait-il à Cannes, impressionne autant par ses aptitudes physiques (grimper en haut d'un mât, se laisser traîner derrière le voilier, etc.) que par son jeu. " On ne regarde pas souvent quelqu'un penser " au cinéma, résumait à la perfection le producteur Neal Dosdon.
Le silence pourrait être en effet le troisième élément constitutif du film : il " permet d'habiter pleinement le rôle, de le vivre ", selon Robert Redford pour qui " dans la vie, on parle souvent beaucoup trop ".

Trois voiliers identiques

Pour réaliser ce film, il a fallu trouver trois voiliers identiques - des Cal de 12 mètres - dénichés dans trois ports différents à l'étranger : un pour les scènes en extérieur, un pour les scènes en intérieur et un troisième pour les effets spéciaux.

All Is Lost ne contient aucun plan tourné sur la terre ferme. Si des images ont été tournées dans l'océan Pacifique, autour des Caraïbes et au large de la cote d'Ensenada au Mexique, pour les scènes de collision du bateau ou lorsqu'il coule, le film a eu recours " aux plus grands bassins de tournage du monde ", aux studios Baja à Rosario Beach, le long de la péninsule de Basse Californie au Mexique. Ces équipements avaient été construits par James Cameron pour les scènes spectaculaires de son fameux Titanic (1997).

Parce que le film est sans paroles, la musique comme l'ambiance sonore occupent une place majeure.

Il fallait " trouver l'équilibre parfait entre réalisme et mélodrame, sans minimiser ni exagérer les émotions ", explique Alex Ebert (du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros) qui signe une efficace première bande originale qui évite les lourds effets.

(9 Décembre 2013 - Relax News)